APPER Rhône-Alpes Auvergne était présente Salon Primevere 2020
Plancher chauffant et ECS, régulation par arduino le CR d'Igor Marcout
Présentation d'une installation.
Au cours des prochaines lettres d'information,
nous tenterons de vous présenter une nouvelle installation ou le projet
d'un nouveau membre.
Pour cette fois, nous avons fait appel à J2C pour nous remonter son expérience :
[APPER] Bonjour j2C, Qui est tu ?
[J2C] Je m’appelle Jérôme, j’ai 37 ans, et je suis originaire d'Alsace,
j’ai passé 10 ans en région parisienne, et je vis actuellement dans la
Somme.
J’ai initialement une formation d’ingénieur en informatique
industrielle. Je me suis reconverti par la force des choses dans
l’informatique. J’occupe actuellement un poste d’ingénieur système et
réseau.
Pendant toute mon enfance, j’ai été bercé par la passion de l’électricité et de l’électronique.
Ma formation m’a apporté des compétences en installation électrique industrielle, et en automatisation.
Cette dernière explique peut-être la présence d’une armoire
industrielle pour gérer l’électricité de ma maison, en lieu et place du
traditionnel tableau électrique 2 rangées.. toujours trop étroit.
[APPER] Et le solaire dans tout ça ?
[J2C] Fin des années 2000, le père d’un ami était dans l’association
“sortir du nucléaire”, et nous a fait participer à une manifestation Ã
Colmar.
Ce même ami a, par la suite, acheté un chalet dans les Vosges, coupé du monde. Pendant 10 ans, j’y retournais 1 semaine par an.
La particularité de ce chalet ?
* de l’eau de source en quantité limitée
* pour y accéder : 30 minutes de marche. Impossible d’y accéder en voiture
* une vue imprenable sur un paysage
* de l’électricité ? Fournie par quelques batteries, et un panneau solaire
* du chauffage : poêle à bois.
* de l’eau chaude ? HEIN ? Lol. On se lave à la bassine d’eau chaude faite sur le poêle.
* le téléphone arrivait au chalet.. le FIXE seulement. Les portables de passaient pas. Tant mieux.
J’ai remis en service l’installation solaire photovoltaïque de ce chalet.
A l’époque, je ne faisais pas le malin, une clé à molette pour serrer les cosses des 4 batteries 250Ah…
Avant de toucher au solaire thermique, j’ai touché un peu à l’écologie.
En 2008, un ami a récupéré une tonne à eau. Il envisageait d’en faire
de la récupération d’eau de pluie. Je l’ai laissé murir sa trouvaille.
Quand il a eut un truc qui lui plaisait. J’ai repris le principe, mais
en plus grand. 2 cuves, un surpresseur, et voici mes chiottes à l’eau
de pluie. Installation rentabilisée en 4 ans. Des chiottes sans
calcaire, mais avec de l’eau un peu verte pendant mes absences.
Quand j’ai rencontré ma femme qui travaillait à l’époque dans la
conception de stations d’épuration, elle a apprécié de ne pas envoyer
de l’eau traitée dans les toilettes. Je ne voulais pas lui imposer ça,
elle a insisté pour qu’on le remette en place dans notre maison commune.
Quelques temps plus tard, mon ami qui a la fibre verte et une maison Ã
toit plat me parle d’une idée: Utiliser des panneaux solaires pour
chauffer sa maison. Autant pour faire de l’eau chaude dans le Sud, oui,
autant pour faire du chauffage, je l’ai traité de fou ! (enfin pas
directement, mais je n’étais pas convaincu par sa solution) .
En 2012, je trouve dans la rue 3 velux sans bâtis (non, mais je vous
jure.. les gens jettent VRAIMENT n’importe quoi). J’ai eut l’idée
débile, de les transformer en panneaux solaire.
Et puis, la première douche froide est venue d’un ami chauffagiste:
mes velux sont traités antichaleur! trop de la balle, ils sont prévus
pour renvoyer les rayons du soleil au lieu de les transmettre. J’ai
quand même décidé de me lancer. J’ai acheté des tubes, un chalumeau Ã
gaz, et des plaques de cuivres.
Et… et .. et puis ça s’est arrêté net. Quand j’ai compris que la
surface rayonnante de ma plaque de cuivre bouffait la chaleur du
chalumeau.
Le virus solaire était dans le fruit. Je me suis donc renseigné pour monter un panneau solaire pour faire de l’eau chaude;
Je suis tombé sur le forum APPER, sans m’y inscrire. J’ai mangé jusqu’Ã
plus faim les CR du site (il m’aura fallu 6 mois pour tout digérer).
Et puis, je me suis lancé. La théorie, ça ne me parle pas toujours, la
pratique, j’aime ça. Quitte à me planter j’aime voir pourquoi.
[APPER] Ta 1ère expérience ?
[J2C] 100% je me démerde, et c’est la douche froide.
Derrière ce titre accrocheur, se trouve un état d’esprit, j’aime bien toucher les choses pour les comprendre.
Mon budget était de 1000€. Pour acheter un panneau (120€) un ballon
d’eau chaude double échangeur (300€), une régulation basique (50€)..
quelques tuyaux, des raccords. De la patience ?
J’ai profité d’un arrêt de travail forcé de 2 mois pour réaliser ce projet.
Mes contraintes étaient les suivantes :
* Je suis en location : interdiction de casser l’installation de chauffage et l’installation sanitaire.
* Tout ce qui est monté, doit être démontable en 2
jours. J’ai ajouté: sans coupe tuyau ni soudure (s’il m’arrive
quelque chose, que quelqu’un de ma famille puisse se débrouiller pour
tout démonter sans trop se faire chier. Ma femme ne doit pas se
retrouver dans une galère à cause de ça.)
* Le panneau sera au sol. Ce qui tombe bien, il est à 2m de la chaufferie.
* Pas de trou dans les murs, on se démerde pour passer où on peut. A la fin de l’été, j’avais :
* un appoint gaz qui fonctionnait parfaitement
* une boucle sanitaire qui a ravie ma femme mais
qui pompait parfois les calories du ballon (Régulation avec un
aquastat sur la conduite, et une pendule)
* de l’eau tiède en milieu de ballon
* une régulation qui déclenchait n’importe quand
* des fuites
* et une femme qui ne comprenait pas pourquoi on
avait eut tout ce bordel pendant 3 mois.. pour un tel résultat. Mais,
j’avais aussi touché quelques concepts des doigts :
* le fameux effet “putain, ça chauffe” quand on pose
les doigts sur les tuyaux solaire, (expression de Amet Pierre, elle est
tellement vraie)
* Une base de travail à améliorer.
[APPER] et ensuite ?
[J2C] 2ème expérience : On refait en tenant compte de la théorie.
Fort de ma première expérience un peu décevante, mais pas tant que ça, je suis passé à la version en production.
J’ai fais élaguer l’arbre devant chez moi, acheté une régulation qui
gère la vitesse variable, et eu l’idée un peu folle de faire 2 champs
solaires avec un panneau chacun. Et bien, Ã refaire, je referai pareil
; Et j’en profiterai pour remonter le support des panneaux de 50cm.
L’utilisation de 2 champs solaires a permis de passer outre les 2
masques solaires (l’angle de la maison qui masque le panneau 1 pendant
1h le matin, alors que l’autre est en plein soleil. L’arbre qui masque
les panneaux l’un après l’autre dans la journée).
Comme mes panneaux étaient masqués par :
* la palissade en hiver
* et par un masque mobile (un camion de 7 tonnes garé dans la
rue devant chez moi… rue limitée à 3,5T, mais la police n’a jamais rien
fait).
L’installation était vidangée en novembre et remise en service en mars.
J’ai donc tourné à l’eau du robinet. La mise en pression se faisait
comme pour un chauffage central classique. Mes panneaux étaient
recouvert d’une planche en bois pour éviter que les journées lumineuses
de l’hiver ne les abime.
Je ne vidangeais que la partie extérieure. La partie intérieure était
isolée par 3 vannes. Afin de ne pas faire « exploser » l’installation
en cas de remise en service avec les vannes fermées. Une soupape de
sécurité avait été ajoutée à l’extérieur.
La boucle sanitaire a été remise en service, mais sans l’aquastat. On
utilise une minuterie et un bouton dans la salle de bain. Quand on veut
de l’eau chaude, on appuie, on se déshabille, et on rentre dans la
douche.
Cette installation a tourné 1 an .
Sa mise en route aura été fastidieuse. La régulation semblait faire
n’importe quoi. Les températures remontées par les sondes semblaient
fausses. Après 2 h de recherches… et de tâtonnement, j’ai fini par
comprendre pourquoi certains plombiers chevronnés se retrouvaient comme
des cons face à des toilettes alimentées par erreur… à l’eau chaude. Et
oui, je me suis retrouvé comme un con, avec 2 tuyaux inversés sur les 3
qui traversent le mur pour aller dehors.
Une fois remis en ordre.. le « putain ça chauffe » est arrivé tout de suite. En 2 jours on était indépendant.
3ème expérience : La version industrielle.
Dans les 2 premières versions, la boucle sanitaire était enfouie au
milieu de l’isolation du ballon solaire. Rendant compliquées les
opérations de maintenance; La vanne thermostatique de sécurité a décidé
de rendre l’âme. J’ai donc décidé de rendre apparent ces éléments.
Le ballon a été coffré, la régulation a trouvé sa place dans une
armoire électrique. L’installation de chauffage a été monitoré via un
RaspberryPi et une sonde de communication Viessmann optique.
Cette installation a tourné 3 ans, et nous a permis de se passer de gaz pendant 4 mois dans l’année.
Malgré plusieurs conseils qui indiquent que c’est judicieux de séparer
le préparateur solaire et l’appoint, j’ai préféré n’utiliser qu’un
ballon. En fait en hiver, on aurait pu rebasculer sur le ballon de la
chaudière, mais il est moins bien isolé que le ballon solaire. Si
c’était à refaire, je referai la même chose. La stratification était
bonne dans mon ballon solaire. Et le bas du ballon restait froid, même
en présence d’appoint Gaz.
L’installation a été démontée, mais n’a jamais été rentabilisée.
Je l’ai démontée en 1/2 journée. Depuis, elle est remisée dans un
garage en attendant une remise en service qui n’aura pas lieu sous
cette forme.
Lors de l’installation, j’avais privilégié les raccords vissés, et les joints. Le but était double :
* c’est du mécano, ça s’assemble et se désassemble en cas d’erreur on peut tout rattraper.
* c’est démontable en fin d’installation.. et réutilisable.
Avec le recul :
* ces raccords sont chers à l’achat.
* ces nombreux assemblages ont été la cause de nombreuses fuites.
Lors du prochain projet. L’installation solaire n’ayant pas pour
vocation d’être démontée, une bonne partie des assemblages seront
soudés.
[APPER] Des Projets ?
[J2C]
Enfin, on a notre maison. On la retape.. ça prend beaucoup de temps.
Notre maison fait 105m2 habitable, elle a un jardin exposé plein SUD,
sans réel masque solaire.
Cette maison est en cours d’isolation par l’intérieur; Du sol au plafond.
Nous avons prévu d’utiliser 3 énergies pour se chauffer.
* le gaz
* le bois
* le solaire
Dans un premier temps, seul le gaz servira. Le bois sera apporté par un Poêle à bois bouilleur.
La grosse difficulté étant de mettre en place l’installation, et y ajouter des éléments au fil des années.
Certaines installations doivent être pensées à la base pour ensuite être
installées. Exemple, les tuyaux qui passent dans l’isolation ou sous la
chape.
Avant de se lancer dans un projet comme ça, il faut identifier le besoin. Le réduire au strict nécessaire.
Et viser l’autonomie partielle. Une autonomie totale dans la Somme, est
inenvisageable. Il peut se passer parfois un mois sans qu’on ne sorte du
brouillard.
Une bonne base consiste à regarder la puissance installée dans la chaufferie, et au niveau des radiateurs.
On peut également se baser sur des abaques reprenant surface, isolation..
Nous habitons également une maison de 105m2… dont l’isolation est ce qui lui fait le plus défaut.
Nous avons 20kw de radiateurs, une chaudière de 35kw..
Ce qui permet d’avoir à peu près chaud en plein hiver.
Dans la nouvelle maison:
Les abaques indiquent qu’il faut 20kw de chauffage en plein hiver, avec l’isolation actuelle.
Les abaques indiquent qu’il faut 12kw avec de l’isolation (ce qui est en train d’être fait).
En inter-saison, on peut tourner à basse température et se contenter de 6 à 7kw.
En radiateur fonte, nous avons 20kw en régime d’eau « haute température », en basse température, ils peuvent sortir 7kw.
Sans cette étude préalable, ça ne sert à rien de se lancer. On aurait
fabriqué de l’eau tiède qui n’aurait pas suffit à chauffer notre
maison. Ãa aurait été éventuellement intéressant pour préchauffer l’eau
de chaudière. Mais si on doit tourner à haute température pour
chauffer, le bas du ballon solaire aurait été trop chaud, donc solaire
inefficace.
En ayant relu le livre de l’APPER, j’ai noté qu’il était judicieux
d’utiliser le solaire à plus basse température possible en hiver. On
produira surtout du chauffage en hiver. L’eau chaude sera préchauffée,
et l’appoint sera fait au gaz.
Afin de gérer l’éventuelle surchauffe estivale (ça ne sert à rien de
chauffer de l’eau du ballon tampon), je vais partir sur 2 champs
solaires de 3 panneaux chacun. Incliné à 70° pour favoriser la
production hivernale.
Ces 2 champs seront pilotés indépendamment. En été, seule l’ECS sera
produite, et l’excédent de chaleur ira dans le tampon. On utilisera
qu’un champs sur les 2. Le 2ème sera couvert.
Comme j’aime bien tout faire moi même.. Mais j’aime aussi la
modularité. On aura plusieurs régulations indépendantes qui gèreront
chacune une tâche .
L’inconvénient, c’est qu’il faut « synchroniser » ces tâches.
L’avantage, c’est qu’en cas de panne ou de maintenance d’une régulation, on ne perd pas tout.
Initialement, j’ai prévu de
* réutiliser la régulation solaire que j’ai pour la charge du ballon.
* utiliser un ladomat pour gérer la charge du ballon tampon par le bouilleur.
* réutiliser mes régulation siemens RVL pour gérer le chauffage.
Et éventuellement ajouter des montages arduino pour ajouter du liant.
L’inconvénient majeure de cette solution c’est de se cogner à des
limitations constructeurs qui ont décidées que leur régulation servirait
de telle ou telle manière.
L’avantage, étant de permettre un remplacement rapide d’une régulation cassée.
[APPER] Merci j2C