La maison :
Maison de 120m² sur deux niveaux de 60m² construite en 2009 (RT 2005)
et remise de clefs début 2010, 2 adultes et une petite fille.
Lors de l'élaboration du projet de construction, nous avons cherché à concevoir un logement "économe".
Seulement voilà, entre le souhait et la réalité, il y a un obstacle de
taille... les finances! A tel point que nous avons du faire une croix
sur la plupart de nos choix initiaux : ITE, PàC sur plancher chauffant,
puits canadien et CESI. Les différents devis (parfois stratosphériques)
explosaient littéralement notre budget alloué de 1250€/m². Finalement
la compacité de la maison, son orientation sud et la disposition des
pièces, sont les seuls aspects bioclimatiques conservés (et pour cause,
ces points n'occasionnent aucun surcoût). Mon plus gros regret à
l'heure actuelle reste l'absence d'ITE (j'essaie de ne pas ressasser ça
sans cesse ;-) ).
Consommation totale tout électrique à 2 personnes en 2011 (chauffage,
ECS, ventilation, lumière, cuisine, électroménager, hifi, ordi, ...etc)
: 8500 à 9000kWh/an.
La découverte :
Au hasard de mes emplettes en 2011 à la FNAC de Nantes, je découvre le
livre du collectif APPER "Installer un chauffage ou un chauffe eau
solaire" , j'en fais donc l'acquisition et au fil de la lecture de cet
ouvrage je finis par me dire qu'il y a peut être moyen de corriger à
coût raisonnable certaines impasses faites au moment de la construction
(notamment la production d'eau chaude solaire). Problème de taille : je
n'ai absolument jamais fait de plomberie, ni approché de près ou de
loin aucun des éléments composant un CESI.
De ce constat naît l'envie de m'auto-former à cette discipline (le
solaire thermique et ses variantes). Dans un premier temps, inscription
au site de l'APPER pour voir les différentes réalisations, puis
premières interventions sur le forum afin de présenter mon projet. Les
premières réactions bienveillantes des spécialistes du forum me
confortent. Viennent ensuite les premières rencontres avec des membres
habitant les environs (Guy et Michel), qui me donnent l'occasion de
voir en vrai des capteurs (à air ou à eau), des circulateurs, des
vases, etc... Ces visites m'ont beaucoup aidé, cela m'a permis
comprendre et de démystifier certaines choses. Parallèlement je
continue mes recherches littéraires et dégote une petite quantité de
bouquins (dont celui de Guy ISABEL) dans le but de continuer
l'apprentissage. Vient ensuite la définition du projet.
Le projet :
Etant donné mon faible niveau de connaissance et nos besoins en
chauffage "relativement" modéré (bien que nettement supérieur à une
maison passive bien entendu ... de 2300 à 3000kWh suivant les hivers
avec des "grilles pains"), et qu'en plus cette maison n'est équipée
d'aucun émetteur de chaleur compatible avec le solaire (radiateurs à
eau, plancher chauffant, murs chauffants...), je décide de me limiter à
la pose d'un CESI (et non pas d'un système associant chauffage plus eau
chaude).
N'ayant qu'une idée approximative de nos besoins ECS de l'époque et
surtout la famille pouvant potentiellement s'agrandir (ce qui se
vérifia en octobre 2013) je m'oriente donc vers un dimensionnement
moyen : stockage solaire de 300L et surface de captage de 4 à 5m² (le
tout fonctionnant en circulation sous pression).
A l'origine je pensais opter pour un stock solaire de 500L afin
d'augmenter l'autonomie mais l'exigüité du local déjà occupé par un
cumulus et divers appareils me contraint à revoir la dimension du stock
à la baisse (j'étais vraiment à quelques centimètres près). Disposant
donc déjà d'un boiler électrique de 300L, je choisis de le conserver
comme appoint électrique en série (un peu gros mais j'allais pas m'en
débarrasser alors qu'il n'avait que 3 ans à peine).
Souhaitant incliner fortement les capteurs (60°), j'opte pour une pose
en façade ou au sol (finalement ce sera au sol). Cette pose me permet
non seulement d'incliner fortement les capteurs sans avoir recours à
des structures en toitures, mais cela m'évite aussi de travailler en
hauteur (peur du vide). Qui plus est, cette pose simplifie l'accès et
les interventions (contrôle des fuites, nettoyages des verres,
occultations éventuelles...). L'orientation sud+15° sans masques au
plus creux de l'hiver semble autoriser une production correcte.
Après avoir "galéré" à essayer de faire rentrer sur plan 2GM tinox
(puis 2MM) sur la façade sud , en définitive je valide la pose au sol
devant le futur garage (et écarte la prise de tête "façade").
Voilà réflexion faite ... maintenant yapuka...
La commande :
Je passe commande d'un kit CESI auprès de Solaire Diffusion qui fut
avec moi très disponible, sympathique et de bons conseils lors de nos
discussions parfois longues (merci à son équipe).
Composition du kit :
- Stock 300L double échangeur (finalement le deuxième ne me servira probablement jamais, j'aurais du prendre un simple).
- 2GM tinox (4.5m² d'absorbeur).
- Liaison isolée inox annelé DN 16
- Structure pour pose au sol
- Groupe solaire (circulateur, débitmètre, débulleur, vannes, manomètre, thermomètres, soupape de sécurité ...)
- Vase d'expansion
- Régulation basique et deux sondes
- Quincaillerie (visserie, joints, boulonnerie...)
- Antigel
La pose et la mise en service:
Réception du matériel un peu chaotique car le transporteur ne m'a
prévenu ni de l'heure ni du jour de son passage... Pour un peu, le
chauffeur repartait avec son chargement. Heureusement, SD m'a averti
d'une livraison très prochaine .
Pour la pose du CESI proprement dit je n'ai pas rencontré de difficulté
particulière (si ce n'est une première pose des panneaux inversée
bas-haut que j'ai rapidement rectifié). J'ai suivi à la lettre les
conseils prodigués par les membres de l'APPER, SD ainsi que ceux lus
dans plusieurs ouvrages.
- raccords inter-panneaux et bouchons: raccords olives qui sont résistants aux hautes T°
- raccords sorties et entrées panneaux : joints gaz résistant à 350°
- raccords sur groupe solaire : joints gaz
- raccords échangeur stock : filasse pâte résistant à 135°(la
régulation coupant quoiqu'il arrive à 110° max en sortie de panneaux, à
priori donc, cette zone ne sera pas soumise à plus de 135°)
En revanche, pour le raccordement du CESI au réseau de la maison, j'ai
buté et beaucoup douté de mes capacités. Je ne me voyais pas braser
pour la première fois dans des recoins très réduits, et j'ai envisagé
de faire appel à un professionnel pour cette étape. Mais là est
intervenu un autre apperien très sympathique et extrêmement serviable :
Sylvain.
Il m'a convaincu d'aller seul jusqu'au bout en employant le multicouche
(quelle super bonne idée!) et cerise sur le gâteau, cette personne m'a
gracieusement prêté une sertisseuse pro pour faire le boulot.
Le remplissage s'est fait à l'aide d'un pulvérisateur de jardinage en suivant méthodiquement
ce tuto. La purge s'est opérée en plusieurs fois à l'aide de la grande vitesse du circulateur et du dégazeur du groupe solaire.
Méthode du pulvérisateur.
La mise en service à l'eau a révélé deux micro fuites sur les raccords
capteurs. Le lendemain, un coup de clefs supplémentaire a réglé le
problème (serrage costaud).
J'ai laissé tourner l'installation à l'eau claire (sans antigel) durant
quelques jours. Puis vidange du circuit (une eau devenue intégralement
noire) et rinçage en faisant plusieurs cycles (c'est du sport avec une
vermorelle).
Ensuite re-remplissage avec eau additionnée d'antigel (environ 35% de
mémoire), purge comme la première fois, puis re-purge le lendemain et
encore une semaine plus tard.
Les panneaux étant posés au sol, la hauteur manométrique est faible
(1m20), j'ai donc tout d'abord baissé la pression du vase à 1.5 bar à
froid (livré à 2.5 bar d'usine), après quoi j'ai monté le circuit en
pression jusqu'à 1.6 bar.
A noter que pour le moment, au bout de 20 mois, la couleur du liquide
n'a pas changé, son PH est neutre (papier PH) et sa qualité d'antigel
est préservée (test du congélo). La pression est restée stable, encore
1.6 bar à ce jour.
Conclusions:
Ben ça marche et c'est kiffant! Quelle satisfaction d'aboutir à une
installation qui fonctionne! L'auto-installation offre de nombreux
avantages :
- Réalisation à coût modéré
- Dimensionnement calculé et ajusté en rapport avec les besoins (volume, surface, inclinaison)
- Connaissance totale de son installation (surveillance et contrôle facilités sans intervention extérieure)
Le soleil est une source d'énergie inépuisable (tout au moins à
l'échelle de l'humanité), il va de soi que le gisement est plus
important en été qu'en hiver. Malgré tout, même en Loire-Atlantique et
même lors des mois les moins favorables il y a des kWh à collecter
(sous forme de chaleur ou d'électricité suivant les applications), mes
relevés photovoltaïques le prouvent.
Il serait intéressant de prélever et stocker une partie des excédents
estivaux pour une utilisation plus tardive lorsque le rapport
production-consommation est déficitaire. Ce qu'on appelle le stockage
inter-saisonnier. Certains apperiens s'y attaquent...
Quelques petites remarques:
Bien que ce soit un CESI (et non un SSC) l'inclinaison de 60° me ravie, quoiqu'à y réfléchir 70° eut été encore mieux selon moi.
Dans le cas d'un CESI avec appoint en série, ne faites pas la bêtise de
mettre le mitigeur en sortie de stock solaire mais placez le en sortie
d'appoint! Je dis ça parce que je l'ai faite, cette ânerie! (depuis ça
à été corrigé).
Une régulation un poil plus sophistiquée (autorisant une recirculation
nocturne par exemple) serait la bienvenue, mais bon, ça fonctionne bien
comme ça.
Je pense que tant qu'à installer un CESI il est préférable dans la
mesure du possible de placer l'appoint en série pour laisser toute la
place du stock solaire au soleil justement! Ainsi les panneaux
travailleront plus efficacement sans être bridés en étant en conflit
avec une autre source d'énergie dans le même ballon. Mieux vaut sur
dimensionner le stock solaire et réduire l'appoint dans la limite du
raisonnable bien sur. Par exemple chez nous 400L solaire suivi de 200L
élec aurait été plus pertinent. Mais on se contentera très bien de ce
qu'on a...
Bilans et perspectives:
Avec quelques petits aménagements supplémentaires:
- Photovoltaïque en auto consommation (500 Wc)
- Puits climatique
- Réfection de la vmc
- Pose de leds
- Pose de réflecteurs sur les appuis de fenêtre
- Correction d'isolation par ci, par là...
Nous sommes passés de 8500-9000kWh/an pour 2 personnes à 5800-6000kWh/an pour 3 personnes.
A venir, d'autres bricolages solaires (serre pour booster le puits
climatique, capteur à air, construction d'un garage en pièce tampon,
isolation toujours et encore...)!
MERCI A L'APPER ET SES MEMBRES !!!
Quelques illustrations :