Préambule
Ce chantier est l’aboutissement d’un long processus d’amélioration
thermique et énergétique d’une maison ancienne, mitoyenne, au cœur du
village.
L’aventure a commencé en 2006 avec l’installation d’un CESI en
auto-vidange qui fonctionne encore aujourd’hui ; on en oublierait
presque qu’il existe, tant il ne demande aucune maintenance.
La suite, c’est l’installation d’un poêle bouilleur qui fait le chauffage et l’ECS l’hiver en 2007
L’aventure continue avec la création d’un mur solaire direct en 2008 et 2 panneaux Tinox GM 2510 en façade.
2010 verra l’isolation complète des combles avec 40 cm de ouate de cellulose pour une surface de 70m2
Puis, c’est un peu le calme plat « efficacité énergétique », je me contente de refaire le toit en 2013.
Je ne suis pas favorable au photovoltaïque à titre individuel, mais
plutôt enclin à soutenir une démarche collective comme équiper des
bâtiments publics par exemple.
Il ne restait donc plus qu’une étape à franchir pour faire de cette
maison, un bâtiment à base consommation énergétique, dans la limite du
possible et du raisonnable car la maison est mitoyenne de 2 façades sur
4, inondable…un vrai challenge !
Cette étape me trottait dans la tête depuis un moment, un peu comme une
étape alpestre en vélo, beaucoup de préparation et de réflexion avant,
puis se lancer….sans être certain du résultat final, voire l’abandon ?
La rencontre avec Ericf, un gars qui a touché à presque tout au niveau
bâtiment m’a convaincue de me lancer dans l’aventure puisqu’il me
prêtait son échafaudage et un coup de main en cas de besoin. Un grand
merci à lui.
Sommaire
- Quel matériau choisir
- Quel fournisseur choisir
- Quelle technique choisir
- Par quelle façade commencer
- Mise en œuvre
- Outillage
- Combien ça coûte ?
- Résultats
1. Chanvribloc ou fibre de bois ?
En tout cas, pas de matériau à base de pétrole, donc exit le
polystyrène et tous ses dérivés. Dans une maison ancienne, mieux vaut
la laisser respirer que de la rendre étanche, sinon cela peut être pire
que de ne rien faire. Pas d’à priori au départ, seul compte le résultat
et surtout la mise en œuvre.
Premier constat en regardant de près les façades, rien n’est droit,
rien n’est d’aplomb….Beaucoup, dans mon entourage, me découragent de me
lancer dans une telle aventure pour un gain hypothétique. Je demande
des devis pour avoir le prix approximatif de l’opération, et en
fonction de cela je ferai ou pas. Je commence donc à chercher le
fournisseur local afin de réduire les frais de transport, pouvoir
rapidement me réapprovisionner car j’ai peu de surface de stockage, si
je peux faire au fur et à mesure en stockant au minimum ce serait idéal
; peine perdue, les devis n’arrivent pas ou ne correspondent pas à ce
que j’ai demandé et à des prix…j’oublie vite cette solution. Le temps
passe, nous sommes déjà en mai et je veux terminer le chantier avant
l’hiver 2015 si je me lance dans l’aventure. La colère me prend et je
vais sur le web un peu désabusé en n’y croyant guère, prêt à tout
laisser tomber.
Et c’est là que je tombe sur le site très bien fait d’un détaillant qui
permet de faire le devis en ligne, de visualiser les produits, les
accessoires jusqu’à la moindre rondelle, bref, tout ce que j’avais
demandé auparavant sans jamais l’obtenir. Une fois la déclaration
préalable en poche, j’affine le devis initial avant de passer commande,
nous sommes déjà fin mai. Deux produits sont en concurrence,
Chanvribloc et Fiberwood multisol 140. L’un est à base de chanvre,
l’autre à base de fibre de bois. Après avoir visionné des vidéos
expliquant leur mise en œuvre, le second me parait plus facile à poser.
L’épaisseur sera médiane afin de respecter l’avancée du toit et ne pas
le rallonger car si côté Ouest cela ne pose (presque) pas de problème
(malgré tout le côté esthétique doit être pris en compte du fait de la
mitoyenneté), côté Est c’est une autre histoire, peu d’avancée d’un
bout, assez de l’autre…Bref, beaucoup des contraintes pour augmenter
les difficultés de ce chantier. Je choisis donc le multisol 140
en épaisseur de 12 cm, soit un R=3. Le Chanvribloc, à R égal fait
20 cm d’épaisseur. Deux modes de pose assez semblables mais dans
les faits, le Multisol140 correspond mieux à ma situation. Un panneau
de fibre de bois fait 1870 mm sur 540 mm, rainuré et bouveté pour un
poids approximatif de 12KG, un bloc de chanvre, 600 mmX300 mm en
200 mm pour un poids autour de 7/8kg, à coller et à cheviller.
2) Le fournisseur
Il ne sera pas local pour les raisons expliquées plus haut et la
commande viendra de Chabeuil dans la Drôme, soit par 19t soit par petit
transporteur, le tout arrivant au fil de l’eau sur une période
d’environ 3 semaines. C’est la partie un peu délicate à gérer car il
faut être présent à chaque livraison. C’est fin Juin, après avoir
réceptionné en dernier le profilé de départ en alu que le chantier va
débuter, avec beaucoup, beaucoup de soleil…C’est mieux que la pluie non
?
3. La technique adaptée à la situation
Rien n’est droit, rien n’est d’aplomb il faut donc trouver une solution
technique permettant la pose de la fibre de bois, en démarrant à 2m du
sol. Le plus simple sera de réaliser une ossature bois sur laquelle
seront vissés le rail de départ et les panneaux, posés à joint décalé
et harpés. L’utilisation d’équerres de bardage permet de gagner du
temps et de faire des fixations solides facilement réglables. Pour
s’éviter des découpes fastidieuses et des chutes au niveau des
fenêtres, mieux vaut calculer la hauteur de départ, en fonction de la
largeur de chaque panneau, en intégrant la possibilité de mettre des
volets roulants par exemple à la place des volets bois. Derrière les
panneaux, forcément, des espaces plus ou moins importants par endroits
du fait des irrégularités du mur. Cet espace sera comblé par du liège
en vrac, en sacs de 250 l, à l’aide d’une petite pelle de ménage.
4. Par quelle face commencer
Par la façade la plus rectiligne avec le moins d’ouvertures, histoire
de se faire la main. Ce sera la façade qui donne directement sur la rue
et une demande d’autorisation sera nécessaire pour placer
l’échafaudage. La canicule va modifier le calendrier des travaux car si
la pose du multisol s’affranchit des contraintes climatiques, il n’en
est pas de même pour la pose de l’enduit et du crépis, surtout quand on
est débutant! Bref, si la façade est recouverte mi-juillet, le crépis
attendra le 22 Aout pour pouvoir être appliqué car il faut, au
préalable, poser 2 couches d’enduit à 48 h d’intervalle toujours en
respectant la température…..
Face à cette situation, ne voulant
pas démonter puis remonter l’échafaudage en attente d’une météo plus
clémente, décision est prise de réaliser en pleine canicule en juillet
la façade sud. Il faudra donc démonter les capteurs solaires, refaire
les fixations, poser le bardage….remonter un autre échafaudage dans un
espace très confiné, par-dessus le bûcher pour pouvoir isoler cette
façade.
La fin sera consacrée à la partie la
plus difficile, puisque mitoyenne avec un appentis et une avancée de
toit très réduite, un escalier en béton, une barrière métallique….
5. La mise en œuvre
a. La fibre
Deux solutions pour fixer la fibre de bois, soit des chevilles nylon
dans la maçonnerie lorsque le mur est bien droit et bien d’aplomb, ce
qui n’est pas le cas chez moi, soit des vis à bois de grande longueur.
Environ 650 vis de 140 voire 160 mm seront nécessaires pour fixer la
fibre sur l’ossature bois, avec des rondelles plastiques spécifiques.
Pour les poser, le plus simple est d’utiliser la visseuse à chocs,
outil oh combien efficace pour ce genre de travaux. Oubliées les
visseuses classiques, on passe dans la catégorie gros calibre!
b. Le revêtement de la fibre
La fibre doit être protégée des intempéries par un enduit. Je
n’ai pas trop cherché le produit idéal et je m’en suis remis à ce que
préconisait mon fournisseur, donc solution classique d’enduit avec une
trame de verre lors de la 1ère application, une 2ème couche d’enduit
puis crépis final. L’enduit se prépare au mélangeur et, d’expérience,
par rapport aux préconisations d’usage c’est plus 7L d’eau par sac de
25kg que 6L comme indiqué sur l’emballage, la fibre buvant pas mal lors
de la 1ère application. Le crépis est prêt à l’emploi, il suffit de le
mélanger avant de l’appliquer, il est conditionné en sceaux de 25kg à
la teinte de son choix.
6. L’outillage
Pas d’outillage très spécifique à par la visseuse à chocs si on doit
visser dans du bois, une bonne scie égoïne pour gros travaux à moins
d’investir dans une scie alligator. La scie sabre ne m’a pas
convaincue, j’ai préféré la tronçonneuse électrique pour tailler et
ajuster les panneaux là où des découpes étaient nécessaires mais dans
tous les cas, il faut porter un masque anti-poussières. Pour l’enduit,
il faut une taloche crantée à double poignée et des dents de 8mm, pour
le crépis une simple taloche inox suffit.
C’est fin novembre (quand même) que
le chantier sera presque terminé, il me reste les volets à poser car il
faut refaire toutes les fixations sur mesure du fait d’une épaisseur de
mur plus importante et le palier puisque la marquise a été démontée et
il faut revoir tout ça. Ce sera pour 2016.
7. Combien ça coûte ?
C’est la question que tout le monde se pose, et que les passants, en
engageant la conversation au détour des travaux, m’ont posée. J’ai
fait, comme je l’ai dit précédemment 3 fournisseurs et ça va du simple
au double….il faut donc calculer au plus près tous les matériaux et
accessoires qui entrent en ligne de compte pour pouvoir comparer et
avoir une vision financière du chantier. Je m’étais fixé une limite
financière à ne pas dépasser car c’était déjà très compliqué
techniquement, avec un résultat attendu moyen du fait de nombreux ponts
thermiques qui n’auraient pas pu être traités. Donc inutile d’investir
une grosse somme d’argent dans ce projet, il fallait trouver un bon
compromis. J’avais fixé la barre à 8k€ tout compris et j’arrive à 5,6k€
en comptant le bois, les chevilles, le mastic, les vis, résultat tout à
fait acceptable selon moi et conforme à l’attendu.
8. Résultats
Les premières impressions sont positives, le mur chauffant a assuré
jusqu’à fin octobre le chauffage de la maison avec une t° moyenne de
21° de façon assez uniforme sur l’ensemble de la maison. Le déphasage
est très important, durant cette période 1°/24h. Donc pas ou peu de
feu, seulement les journées pluvieuses soit 4 kg de bois environ/
flambée. Depuis, le mauvais temps a fait son apparition, mais pas de
températures très basses à part quelques nuits légèrement en dessous de
zéro, cela ne se ressent pas. Le poêle bouilleur a pris le relais du
mur chauffant, une petite flambée (4 bûches moyennes en 33cm) le matin
ou le soir pour atteindre les 22° et ça tient toute la journée, ou la
nuit, jamais la température n’est descendue an dessous de 20° et, fait
intéressant, l’hygrométrie de la maison a baissée, elle se situe
maintenant entre 46% et 58%. Auparavant, elle était très souvent autour
des 60% (+ /- 3%). Attendons les grands froids, ou au contraire la
canicule pour confirmer ces premières constatations encourageantes.
Les points positifs:
Le ressenti au niveau confort est amélioré, la corvée de bois réduite
ainsi que l’esthétique général de la maison qui est complètement revu
avec une alternance de bois (mélèze) et de crépis assez réussie. Je
note également une augmentation de l’isolation phonique, les bruits de
la rue étant atténués, que du positif donc.
Si j’avais des points négatifs à formuler, je dirais que ce genre de
chantier est tributaire des conditions météo, et qu’il est parfois
difficile de travailler seul (pose de la trame en fibre de verre par
exemple) des livraisons aléatoires et qu’il faut de la place pour
stocker et mettre à l’abri tous ces matériaux volumineux, chose que
j’ai pu faire grâce à la gentillesse de mes 2 voisins d’en face
l’ancien boulanger du village. Ne pas négliger non plus le poids de
chaque panneau et son encombrement dans les endroits difficiles, cela
devient vite très physique.
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