Compte rendu de chantier isolation par l’extérieur d’une maison ancienne de village

Michel Ramboz      Besançon 25

michel.ramboz chez orange.com



Préambule

Ce chantier est l’aboutissement d’un long processus d’amélioration thermique et énergétique d’une maison ancienne, mitoyenne, au cœur du village.
L’aventure a commencé en 2006 avec l’installation d’un CESI en auto-vidange qui fonctionne encore aujourd’hui ; on en oublierait presque qu’il existe, tant il ne demande aucune maintenance.
La suite, c’est l’installation d’un poêle bouilleur qui fait le chauffage et l’ECS l’hiver en 2007
L’aventure continue avec la création d’un mur solaire direct en 2008 et 2 panneaux Tinox GM 2510 en façade.
2010 verra l’isolation complète des combles avec 40 cm de ouate de cellulose pour une surface de 70m2
Puis, c’est un peu le calme plat « efficacité énergétique », je me contente de refaire le toit en 2013.
Je ne suis pas favorable au photovoltaïque à titre individuel, mais plutôt enclin à soutenir une démarche collective comme équiper des bâtiments publics par exemple.
Il ne restait donc plus qu’une étape à franchir pour faire de cette maison, un bâtiment à base consommation énergétique, dans la limite du possible et du raisonnable car la maison est mitoyenne de 2 façades sur 4, inondable…un vrai challenge !
Cette étape me trottait dans la tête depuis un moment, un peu comme une étape alpestre en vélo, beaucoup de préparation et de réflexion avant, puis se lancer….sans être certain du résultat final, voire l’abandon ?
La rencontre avec Ericf, un gars qui a touché à presque tout au niveau bâtiment m’a convaincue de me lancer dans l’aventure puisqu’il me prêtait son échafaudage et un coup de main en cas de besoin. Un grand merci à lui.

Sommaire

  1. Quel matériau choisir
  2. Quel fournisseur choisir
  3. Quelle technique choisir
  4. Par quelle façade commencer
  5. Mise en œuvre
  6. Outillage
  7. Combien ça coûte ?
  8. Résultats

1. Chanvribloc ou fibre de bois ?

En tout cas, pas de matériau à base de pétrole, donc exit le polystyrène et tous ses dérivés. Dans une maison ancienne, mieux vaut la laisser respirer que de la rendre étanche, sinon cela peut être pire que de ne rien faire. Pas d’à priori au départ, seul compte le résultat et surtout la mise en œuvre.
Premier constat en regardant de près les façades, rien n’est droit, rien n’est d’aplomb….Beaucoup, dans mon entourage, me découragent de me lancer dans une telle aventure pour un gain hypothétique. Je demande des devis pour avoir le prix approximatif de l’opération, et en fonction de cela je ferai ou pas. Je commence donc à chercher le fournisseur local afin de réduire les frais de transport, pouvoir rapidement me réapprovisionner car j’ai peu de surface de stockage, si je peux faire au fur et à mesure en stockant au minimum ce serait idéal ; peine perdue, les devis n’arrivent pas ou ne correspondent pas à ce que j’ai demandé et à des prix…j’oublie vite cette solution. Le temps passe, nous sommes déjà en mai et je veux terminer le chantier avant l’hiver 2015 si je me lance dans l’aventure. La colère me prend et je vais sur le web un peu désabusé en n’y croyant guère, prêt à tout laisser tomber.
Et c’est là que je tombe sur le site très bien fait d’un détaillant qui permet de faire le devis en ligne, de visualiser les produits, les accessoires jusqu’à la moindre rondelle, bref, tout ce que j’avais demandé auparavant sans jamais l’obtenir. Une fois la déclaration préalable en poche, j’affine le devis initial avant de passer commande, nous sommes déjà fin mai. Deux produits sont en concurrence, Chanvribloc et Fiberwood multisol 140. L’un est à base de chanvre, l’autre à base de fibre de bois. Après avoir visionné des vidéos expliquant leur mise en œuvre, le second me parait plus facile à poser. L’épaisseur sera médiane afin de respecter l’avancée du toit et ne pas le rallonger car si côté Ouest cela ne pose (presque) pas de problème (malgré tout le côté esthétique doit être pris en compte du fait de la mitoyenneté), côté Est c’est une autre histoire, peu d’avancée d’un bout, assez de l’autre…Bref, beaucoup des contraintes pour augmenter les difficultés de ce chantier. Je choisis donc le multisol 140 en  épaisseur de 12 cm, soit un R=3. Le Chanvribloc, à R égal fait 20 cm d’épaisseur.  Deux modes de pose assez semblables mais dans les faits, le Multisol140 correspond mieux à ma situation. Un panneau de fibre de bois fait 1870 mm sur 540 mm, rainuré et bouveté pour un poids approximatif de 12KG, un bloc de chanvre, 600 mmX300 mm en 200  mm pour un poids autour de 7/8kg, à coller et à cheviller.

2)    Le fournisseur

Il ne sera pas local pour les raisons expliquées plus haut et la commande viendra de Chabeuil dans la Drôme, soit par 19t soit par petit transporteur, le tout arrivant au fil de l’eau sur une période d’environ 3 semaines. C’est la partie un peu délicate à gérer car il faut être présent à chaque livraison. C’est fin Juin, après avoir réceptionné en dernier le profilé de départ en alu que le chantier va débuter, avec beaucoup, beaucoup de soleil…C’est mieux que la pluie non ?





3. La technique adaptée à la situation

Rien n’est droit, rien n’est d’aplomb il faut donc trouver une solution technique permettant la pose de la fibre de bois, en démarrant à 2m du sol. Le plus simple sera de réaliser une ossature bois sur laquelle seront vissés le rail de départ et les panneaux, posés à joint décalé et harpés. L’utilisation d’équerres de bardage permet de gagner du temps et de faire des fixations solides facilement réglables. Pour s’éviter des découpes fastidieuses et des chutes au niveau des fenêtres, mieux vaut calculer la hauteur de départ, en fonction de la largeur de chaque panneau, en intégrant la possibilité de mettre des volets roulants par exemple à la place des volets bois. Derrière les panneaux, forcément, des espaces plus ou moins importants par endroits du fait des irrégularités du mur. Cet espace sera comblé par du liège en vrac, en sacs de 250 l, à l’aide d’une petite pelle de ménage.








4. Par quelle face commencer

Par la façade la plus rectiligne avec le moins d’ouvertures, histoire de se faire la main. Ce sera la façade qui donne directement sur la rue et une demande d’autorisation sera nécessaire pour placer l’échafaudage. La canicule va modifier le calendrier des travaux car si la pose du multisol s’affranchit des contraintes climatiques, il n’en est pas de même pour la pose de l’enduit et du crépis, surtout quand on est débutant! Bref, si la façade est recouverte mi-juillet, le crépis attendra le 22 Aout pour pouvoir être appliqué car il faut, au préalable, poser 2 couches d’enduit à 48 h d’intervalle toujours en respectant la température…..









Face à cette situation, ne voulant pas démonter puis remonter l’échafaudage en attente d’une météo plus clémente, décision est prise de réaliser en pleine canicule en juillet la façade sud. Il faudra donc démonter les capteurs solaires, refaire les fixations, poser le bardage….remonter un autre échafaudage dans un espace très confiné, par-dessus le bûcher pour pouvoir isoler cette façade.








La fin sera consacrée à la partie la plus difficile, puisque mitoyenne avec un appentis et une avancée de toit très réduite, un escalier en béton, une barrière métallique….



















5. La mise en œuvre

a. La fibre

Deux solutions pour fixer la fibre de bois, soit des chevilles nylon dans la maçonnerie lorsque le mur est bien droit et bien d’aplomb, ce qui n’est pas le cas chez moi, soit des vis à bois de grande longueur. Environ 650 vis de 140 voire 160 mm seront nécessaires pour fixer la fibre sur l’ossature bois, avec des rondelles plastiques spécifiques.
Pour les poser, le plus simple est d’utiliser la visseuse à chocs, outil oh combien efficace  pour ce genre de travaux. Oubliées les visseuses classiques, on passe dans la catégorie gros calibre!

b. Le revêtement de la fibre

La fibre doit être protégée des intempéries  par un enduit. Je n’ai pas trop cherché le produit idéal et je m’en suis remis à ce que préconisait mon fournisseur, donc solution classique d’enduit avec une trame de verre lors de la 1ère application, une 2ème couche d’enduit puis crépis final. L’enduit se prépare au mélangeur et, d’expérience, par rapport aux préconisations d’usage c’est plus 7L d’eau par sac de 25kg que 6L comme indiqué sur l’emballage, la fibre buvant pas mal lors de la 1ère application. Le crépis est prêt à l’emploi, il suffit de le mélanger avant de l’appliquer, il est conditionné en sceaux de 25kg à la teinte de son choix.

6. L’outillage

Pas d’outillage très spécifique à par la visseuse à chocs si on doit visser dans du bois, une bonne scie égoïne pour gros travaux à moins d’investir dans une scie alligator. La scie sabre ne m’a pas convaincue, j’ai préféré la tronçonneuse électrique pour tailler et ajuster les panneaux là où des découpes étaient nécessaires mais dans tous les cas, il faut porter un masque anti-poussières. Pour l’enduit, il faut une taloche crantée à double poignée et des dents de 8mm, pour le crépis une simple taloche inox suffit.




C’est fin novembre (quand même) que le chantier sera presque terminé, il me reste les volets à poser car il faut refaire toutes les fixations sur mesure du fait d’une épaisseur de mur plus importante et le palier puisque la marquise a été démontée et il faut revoir tout ça. Ce sera pour 2016.

7. Combien ça coûte ?

C’est la question que tout le monde se pose, et que les passants, en engageant la conversation au détour des travaux, m’ont posée. J’ai fait, comme je l’ai dit précédemment 3 fournisseurs et ça va du simple au double….il faut donc calculer au plus près tous les matériaux et accessoires qui entrent en ligne de compte pour pouvoir comparer et avoir une vision financière du chantier. Je m’étais fixé une limite financière à ne pas dépasser car c’était déjà très compliqué techniquement, avec un résultat attendu moyen du fait de nombreux ponts thermiques qui n’auraient pas pu être traités. Donc inutile d’investir une grosse somme d’argent dans ce projet, il fallait trouver un bon compromis. J’avais fixé la barre à 8k€ tout compris et j’arrive à 5,6k€ en comptant le bois, les chevilles, le mastic, les vis, résultat tout à fait acceptable selon moi et conforme à l’attendu.


8. Résultats

Les premières impressions sont positives, le mur chauffant a assuré jusqu’à fin octobre le chauffage de la maison avec une t° moyenne de 21° de façon assez uniforme sur l’ensemble de la maison. Le déphasage est très important, durant cette période 1°/24h. Donc pas ou peu de feu, seulement les journées pluvieuses soit 4 kg de bois environ/ flambée. Depuis, le mauvais temps a fait son apparition, mais pas de températures très basses à part quelques nuits légèrement en dessous de zéro, cela ne se ressent pas. Le poêle bouilleur a pris le relais du mur chauffant, une petite flambée (4 bûches moyennes en 33cm) le matin ou le soir pour atteindre les 22° et ça tient toute la journée, ou la nuit, jamais la température n’est descendue an dessous de 20° et, fait intéressant, l’hygrométrie de la maison a baissée, elle se situe maintenant entre 46% et 58%. Auparavant, elle était très souvent autour des 60% (+ /- 3%). Attendons les grands froids, ou au contraire la canicule pour confirmer ces premières constatations encourageantes.







Les points positifs: Le ressenti au niveau confort est amélioré, la corvée de bois réduite ainsi que l’esthétique général de la maison qui est complètement revu avec une alternance de bois (mélèze) et de crépis assez réussie. Je note également une augmentation de l’isolation phonique, les bruits de la rue étant atténués, que du positif donc.
Si j’avais des points négatifs à formuler, je dirais que ce genre de chantier est tributaire des conditions météo, et qu’il est parfois difficile de travailler seul (pose de la trame en fibre de verre par exemple) des livraisons aléatoires et qu’il faut de la place pour stocker et mettre à l’abri tous ces matériaux volumineux, chose que j’ai pu faire grâce à la gentillesse de mes 2 voisins d’en face l’ancien boulanger du village. Ne pas négliger non plus le poids de chaque panneau et son encombrement dans les endroits difficiles, cela devient vite très physique.

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