Plancher chauffant à réponse
rapide et chauffe-eau solaires
Gilbert Féraud
Barrême 04
gilferaud chez free.fr
Cette présentation concerne une
installation montée presque entièrement par moi-même qui ne connaissait
absolument rien dans ce domaine. Seul, le plancher chauffant a été fait
avec l’aide d’un maçon. La plupart des informations dont j’ai eu besoin
ont été récoltées sur le site d’Apper solaire, ou m’ont été transmises
par des personnes compétentes en la matière et/ou qui m’ont précédé
dans cette démarche. A l’issu de cette installation, je me suis rendu
compte que celle-ci pouvait être effectuée par tout « bricoleur » de
compétence moyenne, pourvu qu’il prenne le temps de s’informer et de
réfléchir. Je dois dire que je suis particulièrement satisfait de cette
installation et étonné de l’efficacité de celle-ci, … lorsqu’il y a du
soleil, ce qui n’est pas rare dans notre région.
Cette installation n’a rien de très original, sa particularité réside
peut-être dans le fait que le plancher chauffant (d’une cuisine) est à
faible inertie.
Les objectifs.
Il s’agit ici du chauffage d’un
ballon de 300 litres et d’un plancher de cuisine sur une surface de
13.5m2 environ. Ce dernier vient en appoint d’un poêle à bois situé
dans le séjour, supposé chauffer l’ensemble de la maison. Celle-ci, à
l’origine maison de vacances d’été, n’est que partiellement isolée
thermiquement. La cuisine est isolée par l’intérieur et les ouvertures
y sont en double vitrage.
Le lieu.
Nous sommes situés à Barrême, dans
les Alpes de Haute Provence, à 750m d’altitude, sur un versant est -
sud-est assez bien ensoleillé. Cette région se caractérise par un bon
ensoleillement mais avec des températures d’hiver basses (-20°/-27°
parfois), correspondant généralement à des périodes ensoleillées (haute
pression, mistral dominant). Cette situation est donc particulièrement
favorable au solaire thermique.
Les panneaux et la maison, photo prise
vers l’est
L’ensoleillement
Autour du solstice
d’hiver du 21 décembre, la durée d'ensoleillement est de 6h30, entre 9h
et 15h30.
Au niveau des panneaux solaires, quelques arbres feuillus cachent
partiellement le soleil de début d’après-midi en hiver, et des
conifères cachent assez fortement le soleil dès 15h.
Masque solaire (clic pour agrandir)
Les capteurs solaires
Les quatre panneaux
(capteurs) GM Tinox 1988x1213, couplés deux par deux, correspondent à
une surface de l’ordre de 9 m 2 . Ils sont montés en série. Ils sont
situés sur le talus au dessus de la maison, à une quinzaine de mètres
de celle-ci, et pouvant capter le premier soleil en hiver. Ils sont
orientés plein sud et inclinés à 60° afin d’optimiser le rendement
d’hiver. Ils s’appuient sur une structure en mélèze fixée sur des plots
en béton. Une purge et une sonde située dans un doigt de gant en cuivre
(fait maison) sont fixée en sortie des capteurs. En entrée et sortie
des capteurs, il existe au moins un mètre de tube de cuivre 20-22mm,
afin de minimiser l'effet d'une éventuelle surchauffe sur le tube PER.
Ce tube de cuivre est entouré d'un isolant Armaflex D29-13 imprégné en
surface d'une solution imperméabilisante et antiUV.
Les tubes entre maison et capteurs,
enterrés, sont en PER25, entourés d’une gaine armaflex D28, épaisseur
13mm, noyés dans de la mousse de polyuréthane, le tout dans un tube PVC
120mm.
Vues et coupe de l’isolation des tubes
enterrés d’alimentation des capteurs
Le circuit du liquide caloporteur
Le schéma général est donné par la figure suivante:
Les composants principaux sont un vase d’expansion 35 litres, un
circulateur Wilo 25/7, une régulation VISION avec 3 sondes, une vanne 3
voies DN25,un clapet anti-retour, et un ballon de 300 litres avec
résistance de 2,5 KW. La vanne 3 voies est commandée par un relais
industriel Finder 5534 (230vac, 4rt 7a).
Vue générale de l’installation dans la
maison
Le
remplissage du circuit est effectué à l'aide d'un pulvérisateur de
jardinage, sur une entrée prévue en bas du circuit (point de vidange
général). La pression est fixée à 2,5 bar, et la pression d'air du vase
d'expansion est fixée en conséquence). Le glycol est dilué deux fois
seulement à cause de la possibilité de fortes gelées, parfois jusqu'à
-25/-27°C. Les tubes de l'intérieur de la maison sont en cuivre, de
diamètre 20-22mm pour le circuit général et le circuit ballon, et
14-16mm pour le circuit plancher.
Le plancher chauffant
Le plancher précédent étant déjà au niveau du sol extérieur, sans vide
sanitaire, pour des raisons de risque d’humidité en profondeur, nous
avons dû opter pour un plancher de faible épaisseur, donc à faible
inertie, ce qui n'est généralement pas recommandé pour un chauffage
solaire. Nous verrons plus loin que dans le cas d'une cuisine, cette
option peut toutefois présenter quelques avantages.
Le tube PER est de diamètre 16mm. Sur une dalle en béton de base,
l'isolant d'épaisseur 4cm, en polystyrène extrudé, repose sur un film
plastique. Les tubes de PER sont fixés directement sur l'isolant, ce
qui n'est pas une solution optimale pour un échange thermique efficace.
Le mortier coulé sur l'isolant et noyant les tubes PER contient un
adjuvant pour le rendre plus fluide afin de noyer au mieux le tube
caloporteur, et a une épaisseur de 5cm. Il faut ajouter l'épaisseur des
carreaux:
épaisseur totale = 6-7cm.
Les premiers résultats
Les paramètres de la régulation Vision sont les suivants:
- Priorité est donnée au chauffage du plancher
- Température maximale capteurs limitée à 110°C
- Température maximale sortie de plancher limitée à 40°C
- Delta T max= 5K, delta T min = 3K
- Température maximale ballon d'eau chaude limitée à 88°C
- Delta T max= 7K, delta T min = 3K
- Vitesse minimum circulateur = 30%
- Temps de réponse = 120 secondes
Le graphique suivant donne l'évolution de diverses températures au
cours d'une journée bien ensoleillée le 16 décembre 2013, donc tout
près de l'ensoleillement minimum de l'année, du 21 décembre.
Le soleil apparait sur les panneaux à
8h55 et disparaît, caché par des conifères, à 15h. Aucun nuage n'a
caché le soleil dans la journée.
La courbe bleue représente la température extérieure à l'ombre. La
température maximale de la journée est de 10°C, la température vers 8h
est de -8°C et le zéro est atteint juste avant 11h.
La courbe verte donne ici la température à l'entrée de 4ème et dernier
panneau (ils sont en série), et non en sortie, pour une raison
technique provisoire. Il faut compter 8 à 10°C supplémentaires en
sortie du dernier capteur. 43°C sont déjà atteints lorsque la
température extérieure dépasse juste le zéro. La température maximale
des capteurs est de 55°C. On remarquera une inflexion de l'augmentation
de température vers 11h, lorsque le ballon d'eau chaude commence à être
alimenté. Ceci est dû à l'effet combiné d'un échange plus efficace
entre fluide caloporteur et eau froide du ballon et d'un diamètre de
tube (donc débit) supérieur sur le circuit ballon. L'irrégularité de la
descente en température de l'après-midi est due aux conifères qui
cachent partiellement le soleil après 15h.
La courbe rouge représente la température de la surface du plancher,
mesurée sur les carreaux à l'aide d'un thermomètre infrarouge. La
température de départ le matin, de 16°C, est supérieure de 2°C à celle
d'un plancher équivalent non chauffé (pièce voisine) et qui est de
14°C. C'est donc une température résiduelle du chauffage solaire de la
veille. Cette courbe se caractérise par une faible inertie thermique
due à la faible épaisseur de la dalle. La dalle commence à chauffer 40
mn après le début de chauffage des panneaux et atteint 29°C,
température maximum prédéterminée par la température maximum imposée en
sortie du plancher, vers 13h30. On remarquera le faible déphasage du
maximum de température panneaux et plancher. La température reste
supérieure à 21°C entre 10h30 et 20h30 (durée 10h pour en
ensoleillement de 6h), ce qui reste très confortable pour une cuisine.
La température est encore de 20°C vers 22h.
La courbe violette donne la température de l'eau de la base du ballon
d'eau chaude. L'alimentation électrique du ballon est coupée. Son
chauffage démarre lorsque la température du liquide caloporteur en
sortie du plancher atteint les 40°C programmés. Une température maximum
de 55°C est atteinte vers 15h. L'irrégularité de cette courbe est due à
l'utilisation de l'eau chaude du ballon.
La courbe noire en pointillés donne la température du liquide
caloporteur en sortie de plancher. Les fortes fluctuations sont le
résultat du fonctionnement alterné du circuit "plancher" et "ballon". A
noter que le circuit plancher redémarre lorsque la température du
liquide de sortie plancher est de 1,1°C inférieure à la température
maximum affichée, ce qui nécessite une bonne isolation du doigt de gant
de la sonde de température.
Coût
Le coût total, incluant le plancher chauffant, le ballon d'eau chaude
et toute la fourniture de plomberie est d'environ 6000 euros.
Remerciements
Je remercie Pierre Amet pour ses précieux conseils, Gérard Gros pour la
construction du plancher, ainsi que Didier et Arnaud.
Retour sommaire En
pratique